S’entraîner à être intelligent

Beaucoup d’adultes se trouvent confrontés à la barrière du « je suis nul », « je suis bête » ou « je ne suis pas intelligent » dans leur quotidien avec les jeunes.

Carol Dweck, professeure en psychologie sociale à l’Université de Stanford nous présente quelques outils pour y faire face. 

Mais madame je suis bête ! Ça ne sert à rien de toute façon je suis nul !

Quel enseignant ou quel parent n’a jamais entendu ces mots sortir de la bouche d’un jeune ? Qu’on tente de les aider pour les devoirs, de leur transmettre un nouveau concept ou simplement de leur apprendre quelque chose de nouveau, nous sommes souvent confrontés à une forme de découragement anticipé. Effectivement, même avant d’avoir essayé, certains enfants se considèrent comme incapables de réaliser ce qui leur est proposé. Or, cette conception engendre sur le long terme un manque de motivation qui peut porter préjudice à l’épanouissement de nos jeunes au sein du système scolaire.

L’intelligence n’est pas fixe

C’est dans cette optique que Carol Dweck a publié son livre Mindset: The new Psychology of Success. Dans son ouvrage, elle met en évidence l’existence de deux mentalités face à l’apprentissage :

Dans le premier cas, l’élève considère son intelligence comme quelque chose de fixe et immuable.

Dans le deuxième cas, il considère que ses capacités peuvent être développées grâce au travail et à l’investissement.

Or, cette différence de conception influence la manière dont l’effort et la difficulté sont perçus. Elle fait passer la tâche demandée de “quelque chose d’impossible” à quelque chose “que je n’arrive pas à faire maintenant” mais qui “avec un peu de travail, deviendra possible”.

L’utilisation du « maintenant »

Pour aider les jeunes à passer du premier au second cas, Carol Dweck nous indique quelques pistes. Tout d’abord, elle propose d’enseigner aux élèves le concept d’entraînement du cerveau.

Chaque fois qu’ils passent en dehors de leur zone de confort pour apprendre et qu’ils persistent dans cette voie-là, leurs neurones créent de nouvelles connections ce qui augmente leur intelligence. Ensuite, elle valorise l’utilisation de l’expression “maintenant”.

Dans cette optique, le formateur commente chaque réflexion découragée afin de transformer le “c’est trop dur” en “c’est trop dur maintenant”. De cette manière, l’élève considère que ce qu’il fait n’est pas l'évaluation de ses compétences actuelles, mais bien une étape de progression.

Concrètement ça donne quoi ?

Dans une étude publiée en 2007, Carol Dweck et ses collègues ont montré les effets positifs d’une vision progressive de l’intelligence. Dans cette recherche, un groupe de 400 élèves américains a été divisé en deux sous-groupes, chaque groupe étant soumis à 4 différents tests différents.

Lors du premier test, les enfants du groupe A étaient félicités pour leur intelligence et leurs aptitudes, tandis que ceux du groupe B étaient valorisés pour l’effort fourni ainsi que leur attitude face au travail. Dans le deuxième test, les enfants devaient choisir entre des questions aussi faciles que celles du premier test, ou au contraire des questions plus difficiles. Il s’est avéré que 33% du groupe A avait choisi les questions faciles, contre 92% du groupe B.

Lors du troisième test, les enfants ont été soumis à des exercices plus difficiles que ceux réalisés jusqu’alors. En analysant l’attitude générale face à la tâche, les chercheurs ont observé que les enfants du groupe A étaient vite découragés, frustrés et abandonnaient rapidement la tâche. Contrairement à cela, les enfants du groupe B montraient une attitude d’amusement, d’encouragement et travaillaient plus longtemps.

Finalement, un dernier test, bien plus compliqué que le premier, leur a été proposé. Les résultats ont montré que les notes obtenues par le groupe A avaient chuté de 20% tandis que celles du groupe B avaient augmenté de 30%. Cette étude a donc mis en évidence que la manière de présenter l’effort intellectuel ainsi que la source de félicitation (attitude VS aptitude) influence non seulement l’attitude de l’élève mais aussi ses résultats.

Nous l’avons donc compris, le découragement scolaire et le sentiment de ne pas être intelligent représentent des barrières dans l’apprentissage. Toutefois, en aidant les jeunes à voir leurs compétences comme quelque chose de progressif et évolutif, nous leur permettons de renouer avec une motivation nouvelle face à l’effort.